Avis d'expert

Comment savoir si mon enfant est victime de harcèlement scolaire ?

parents
15 MIN

Bien comprendre ce qu'est le harcèlement à l'école

Avant de commencer à parler de harcèlement scolaire, il est important de poser un cadre sur cette définition.

Définition du harcèlement scolaire: violence, répétition et isolement

Les victimes de harcèlement subissent des agressions verbales, physiques ou psychologiques de manière répétées et sur la durée. Il existe également un effet de groupe : souvent la personne harcelée est isolée et les violences sont perpétrées par un groupe plutôt que par une seule personne. Ces notions sont importantes car elles sont définies par la loi.

Souvent le harcèlement se focalise sur une différence que les harceleurs stigmatisent (couleur de peau, hobby, style vestimentaire, handicap, appartenance à un groupe social, orientation sexuelle, etc.)

Un numéro d'écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes

Nous vous rappelons qu'en France, il existe des ressources gratuites auxquelles vous pouvez avoir recours pour dénoncer des cas de harcèlement ou violence scolaire que vous soyez victime ou témoins.

  • Appeler le 3020 pour les cas de harcèlement

  • Appeler le 3018 pour les cas de cyber harcèlement

  • Télécharger l'application 3018 pour les cas de cyber harcèlement

Pourquoi le sujet du harcèlement préoccupe plus aujourd'hui ?

C'est un sujet qui revient souvent et qui est une préoccupation de plus en plus centrale pour de nombreux parents. Certains vous diront que l'on ne doit pas avoir peur de quelques petits commentaires désobligeants dans la rue ou dans la cour d'école. Cependant la réalité c'est que cela peut aller bien loin qu'une simple insulte à accepter : les agressions peuvent même commencer dès les classes élémentaires. 

Les parents ont moins de temps pour se rendre compte de ce qui se passe.

En effet, c'est de plus en plus un problème car les parents sont moins présents : la réalité du 21ème siècle c'est que les parents ont moins de temps à disposition avec leurs enfants (environ 1h30 par jour) et il est donc parfois plus difficile d'identifier les signes qui peuvent alerter. Si notre enfant est victime de harcèlement, il va probablement vouloir faire en sorte que les quelques heures avec ses parents soient signes de normalité. La violence verbale subit durant la journée ne va pas sauter aux yeux et beaucoup de parents ne sont pas là à la sortie d' école pour constater les dynamiques entre les enfants.

On n'ose plus se mêler de ce qui se passe chez le voisin

Si vous avez grandi dans un village ou dans un endroit où tout le monde se connait, vous savez qu'avant on ne faisait pas n'importe quoi parce que ça finissait par se savoir. La cousine, la voisine, la factrice qui finiraient par avertir la famille... Finalement, c'était plutôt sain ce système qui favorise les inhibitions par peur d'avoir honte chaque fois qu'on croise le maire du village. Mais voilà, maintenant c'est un peu chacun pour soi. La communauté est éparse. On ne sait plus qui est le fils de qui et on ne connait pas sa grand-mère qui habite certainement à l'autre bout du pays....

Les réseaux sociaux qui déshinibent

Nous voilà au coeur du problème : les attaques ne se font plus en frontal. Elles se font souvent caché derrière un écran. Un groupe de discussion sur lequel on s'acharne sur un personne qui n'est pas dans la conversation : le lendemain à l' école, elle est victime de moqueries sans savoir pourquoi. S'exposer sur les réseaux c'est se mettre en danger. S'en éloigner, c'est signe d'isolement social (enfin selon les enfants). Entre les deux, ils ont choisi : le danger dont parle les adultes n'est pas concret. L'isolement social l'est bien plus. La plupart des enfants ont fait leur choix : ils ne vont pas risquer de se retrouver isolés.

Le harcèlement scolaire, ça touche qui ?

Il est très difficile de déterminer des profils en particulier qui sont victimes de harcèlement. Cela peut arriver à tout le monde, dans tous les milieux. Cependant, plus les enfants sont informés, plus la communication est ouverte au sein de la famille, plus les conséquences seront minimisées.

Ce qui incite au harcèlement, c'est la différence et nous sommes tous différents ! Beaucoup d'enfants et élèves victimes ne veulent pas inquiéter leurs parents qui souvent sont mis devant le fait accompli quand la situation dérape. Pas de panique, on peut tout de même apprendre aux enfants à ne pas rester victimes.

Harcèlement scolaire : 4 signes qui doivent alerter les parents

Alors en tant que parent, cette question nous tient éveillé : mon enfant fait-il comme si tout allait bien alors qu'il souffre ? Est-ce que je suis assez vigilant ? Comment le protéger sans l'étouffer ? Voilà quelques uns des signes qui peuvent vous aider à déterminer si votre enfant est victime de ce genre d'agression:

Aller à l'école devient compliqué

Si votre enfant commence à montrer des signes de réticences pour se rendre à l'école (alors que ce n'était pas le cas avant), cela peut être un début de signal à observer. S'il a de plus en plus d'excuses (fausses maladies, fatigue, etc.) qui vous semblent peu crédibles, n'hésitez pas à creuser le sujet. Bien entendu, il peut y avoir d'autres raisons mais c'est généralement un bon baromètre pour comprendre son quotidien.

Manque de sommeil et manque d'appétit

Ce n'est pas toujours simple de voir ce genre de changements mais si vous observez des modifications dans le rythme du sommeil (insomnies, grosses difficultés à se lever le matin, cernes marquées, etc.) ou de l'alimentation, cela peut être signe que des choses ne vont pas très bien. Attention, il ne s'agit pas de penser que votre enfant est victime de harcèlement scolaire ou d' insultes parce qu'il a sauté un repas mais simplement de rester alerte sur les éventuels changements.

D'ailleurs, il s'agit d'observer les changements de rythme en règle générale : par exemple si l'enfant voit moins ses amis, ne va plus aux activités extra-scolaires baisse des notes,... Bref, c'est à vous de jauger ce qui peut sembler anormal dans le quotidien de votre enfant.

Maux de ventre, de tête, et envie de rester à la maison

Si votre enfant commence à avoir des petits bobos à répétition ou des maux de tête, par exemple, et qu'il n'y a aucune cause physiologique à ces douleurs, il est possible que cela vienne d'une pression qu'il subit ailleurs. Les humiliations subies ne sont pas toujours simples à verbaliser et il est possible que cela prenne des formes inattendues comme ces douleurs chroniques. Les enfants essaient parfois de minimiser les incidents et ne considèrent pas être victimes de harcèlement : ces manifestations physiques précèdent parfois la prise de conscience qu'il y a un vrai impact sur la santé mentale de l'enfant et que cela se manifeste par des douleurs physiques.

La difficulté à communiquer

La communication est à la fois le problème et la solution face aux situation de violence. On a beau être ouvert d'esprit, communiquer avec nos enfants, il n'est pas toujours facile pour eux de nous le verbaliser. D'abord, parce qu'ils n'ont pas toujours conscience d'être victimes de harcèlement : quand on est au coeur de la tourmente, on ne se rend pas toujours compte du fait que ce n'est pas normal. Les victimes se pensent également coupables : l'effet de groupe tend à faire penser aux enfants que c'est eux qui ont provoqué cette situation.

Enfin, le sentiment de honte à évoquer ces problèmes avec ses parents est évidemment très compliqué à surmonter, particulièrement pour un adolescent. Il est donc important de rappeler encore et encore aux enfants qu'ils ne seront pas jugés ni punis au sein de la famille : personne n'a le droit d'endurer cette souffrance seul et votre enfant doit comprendre que vous êtes là pour le soutenir. Il est aussi important de dédramatiser le sentiment de honte, qui ne dure qu'un instant et qui, une fois dépassé permet à chacun de se sentir rassuré.

L'isolement

Si vous avez un adolescent et que vous ne partagez plus de moments avec lui, tel que le repas, soyez attentifs. Les enfants victimes, de harcèlement sous forme d'insultes, d'humiliations ou de cyber harcèlement vont avoir tendance à s'isoler, à éviter les contacts y compris avec les membres de leur famille. Ces coupures doivent vous alerter. Si votre enfant a un téléphone portable, n'hésitez pas à lui demander de vous montrer le temps passé sur les réseaux sociaux par exemple. Sans aller fouiller dans le détail des contenus, regardez avec lui si ces temps d'usage vous semblent déraisonnables. C'est un bon moyen d'entamer la conversation sans être trop intrusif.


Comment prévenir les situations de harcèlement scolaire ?

Rappelons-nous que personne n'est à l'abri : ce n'est pas une question de milieu social, d'âge ou d'intelligence. Rappelons-nous aussi que nos enfants peuvent être dans la position de celui qui harcèle ou de celui qui observe passivement. Dans tous les cas il est important d'inculquer aux enfants les éléments suivants :

  • Parler du harcèlement en famille : simplement l'évoquer, le définir, c'est déjà un grand pas en avant. Si les enfants ne savent pas que cela existe, ils mettront plus de temps à identifier le problème.

  • Leur apprendre à s'entourer: on peut choisir ses amis. Il est essentiel d'apprendre aux enfants à prendre de la distance envers les camarades qui ne leurs font pas du bien

  • Toujours laisser la porte ouverte à la communication: leur rappeler autant que nécessaire que nous aussi on a été des ados, des enfants et que s'ils font, voient, entendent des choses qui les choquent ou dont ils ne sont pas fiers, il y a des grandes chances pour que l'on ait déjà vécu les mêmes choses. Aucune honte à avoir donc : on est là pour les écouter et les accompagner sans jugement .

  • Leur apprendre à se défendre: le harcèlement ne fonctionne que s'il y a une victime en face. Si le persécuté se sent complètement indifférent aux violences à son égard, les autres vont vite cesser leur petit cinéma. Apprenez-leur à devenir un samouraïs qui n'est pas atteint par la bave du méchant crapaud

  • Partagez des histoires : utilisez l'histoire de stars, de personnages de livres ou de personnes connues qui ont été victimes de harcèlement et en sont sorti la tête haute. L'idée est de leur montrer que leur singularité est peut-être problématique à l'adolescence mais c'est une telle force pour la suite de leur histoire.

Mon enfant est victime de harcèlement scolaire : et maintenant je fais quoi ?

Faire le deuil du parent parfait

Première chose à faire : allez respirer un grand coup. Sortez de la pièce où se trouve votre enfant et faites la paix....avec vous-même ! Il est très important de pouvoir gérer la situation la tête froide : la réalité c'est que vous êtes un parent qui n'a pas su voir que son enfant souffrait et vous vous en voulez. Faites le deuil du parent qui peut tout anticiper. Ce qui importe c'est ce que vous allez faire maintenant. Ce conseil est celui de Florence Millot, psychologue pour enfant qui certainement l'un des plus pertinents dans cette situation : quand on découvre que notre enfant est victime d'un violence, quelle qu'elle soit, on doit avant tout renoncer à être le parent parfait qui a su protéger son enfant quoi qu'il arrive. C'est essentiel pour réagir comme il faut et ne pas être guidé par la colère (contre soi-même et contre les agresseurs).

Soulager notre enfant du poids de cette situation

Clairement le partage des faits, de ce que l'on ressent et de ce que l'on vit (peut-être depuis plusieurs mois) est déjà un énorme soulagement en soi. Aidez votre enfant à vous partager au maximum tout ce qu'il a enduré et laissez-le vivre les émotions qui vont avec : ce sera déjà un soulagement immense de plus porter le poids de ce secret tout seul et de pouvoir verbaliser ce qu'il avait peut-être gardé enfoui pendant tout ce temps.

Le déculpabiliser

Il n'est pas rare que les enfants victimes de harcèlement scolaire se sentent surtout coupables : le plus important est de leur expliquer qu'ils ne sont pas responsables. Il faut aussi expliquer les dynamiques de groupes et ne pas focaliser la colère ou les désir de revanche sur une personne : l'effet de groupe, l'usage des téléphones portables tendent à faire perdre le contrôle aux agresseurs qui ne mesurent pas forcément la portée de leurs comportements à l'encontre d'une victime.

Se renseigner auprès du reste de son entourage

Sans afficher votre enfant sur la question du harcèlement, essayez de vous renseigner auprès des enseignants, ou de ses amis proches. Souvent, ils n'ont pas la vue globale des faits mais ont peut-être pu constater des éléments qui permettront de mieux comprendre la situation. Il s'agit de se renseigner et non de porter des accusations.

Prendre des dispositions mais en discuter avec votre enfant au préalable

Il faut savoir que peut-être le simple fait de partager sa souffrance soit suffisante pour votre enfant. Cela peut lui permettre de se renforcer et de réussir à créer de la distance avec le harcèlement dont il est victime. Il est cependant également nécessaire de passer en revue les autres solutions qui s'offrent à votre enfant.

  • Discuter des conséquences : votre enfant comme les élèves qui l'ont harcelé ne vont peut-être pas prendre la mesure de ce que peut engendrer ce genre de situation. Il faut parler ouvertement des conséquences et aider votre enfant à évaluer la charge que cela a pu représenter pour lui. C'est une première étape qui sera cruciale pour évaluer les décisions à prendre pour la suite.

  • Un accompagnement psychologique : dans tous les cas, cela est recommandé pour aider l'enfant à prendre la mesure de l'impact que cette situation a eu sur lui

  • Informer les enseignants : dans le cas où le harcèlement a eu lieu à l'école, les enseignants peuvent jouer un rôle, au minimum en rappelant aux élèves ce qu'est le harcèlement et en listant les conséquences sans nécessairement nommer les personnes concernées. L'école joue un rôle dans la prévention et les équipes éducatives sont formées à cela, il semble donc essentiel de les impliquer.

  • Sanctionner les coupables : encore une fois, ce n'est pas au parent de faire sa loi ni à la victime. Il est possible que votre enfant refuse que l'on dénonce ou que l'on sanctionne les harceleurs par peur de rébellions, de brimades ou par honte : il faut alors lui expliquer que le harcèlement est considéré comme un délit dans les écoles en France. C'est également le cas du cyber harcèlement : la lutte contre le harcèlement passe donc par le fait des répertorier les actes et les sanctionner. Si votre enfant refuse, n'hésitez pas à expliquer que c'est aussi nécessaire pour éviter que cela ne se produise pour un autre élève et c'est l'un des seuls moyens de stopper ce phénomène..

  • Changer le contexte : en fonction de la gravité des faits, essayez de proposer à votre enfant de changer d'établissement. C'est parfois plus simple pour un élève de repartir de zéro avec des personnes qui ne connaissent pas son historique

  • Demander le retrait des publications : dans les cas de cyber harcèlement, l' élève peut demander le retrait des photos ou autres contenus publiés par ceux qui l'ont harcelé. Rappelons que si l'auteur est majeur, il risque 2 ans de prison et 30'000 € d'amendes. Si l'auteur a plus de 13 ans et la victime moins de 15 ans, il risque 18 mois de prison et 7'500 € d'amendes. Il existe des sanctions spécifiques pour les moins de 13 ans également mais c'est également pour ces raisons qu'il est important de respecter les limites d'âge quand à l'usage des réseaux sociaux.

Quelques ressources qui peuvent aider pour mieux appréhender le harcèlement au sein de la famille :

Pour apprendre aux enfants à se défendre

Pour les aider les enfants à en parler

Il n'est pas toujours facile de s'adresser aux adultes. Il existe des applications du type Kolibri.app qui permet de dénoncer des actes de harcèlement sans craindre les représailles développée par l'association Marion Main Tendue. .

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