Avis d'expert

Le blues des ados sur les réseaux sociaux, ou le FOMO

ENSEMBLE
10 MIN

C'est quoi le FOMO ?

Le FOMO chez les ados, est un phénomène de société lié à la numérisation du quotidien

Mais c’est quoi le FOMO ? Le FOMO est un abréviation de l’expression anglophone “Fear of Missing Out” qui signifie la peur de manquer quelque chose.

Ca y est ? Vous l’avez ? Vous voyez vos enfants incapables de faire des choix et de subir la moindre frustration.

Un exemple concret : votre enfant doit aller à la super soirée de sa copine Maëlys, mais il a appris que 2 autres de ses copines avaient prévu une soirée cinéma et surtout il veut regarder la dernière saison de sa série préférée avant tout le monde le même week-end. Incapable de faire des choix, il pète un plomb. Ce qui est un peu idiot puisqu’on peut tout voir en replay. Mais il ne faudrait surtout pas se retrouver à être le dernier à pouvoir en parler. 

Nous, durant notre enfance, on attendait gentiment 16h35 pour le début du Club Dorothée comme indiqué dans Télé 7 jours et on n’avait pas l’alternative d’aller chez notre copine Clémence à ce moment-là (oui parce que les Maëlys étaient moins à la mode)

Mais la nouvelle génération ne veut rien rater : elle veut tout, tout de suite.

Fomo ou Fear of Missing out signifie la peur de manquer

Est-ce encore possible de manquer quelque chose ?

Le "fear of missing out" ne touche pas que les adolescents ou les préadolescents. Ce que l’enfant exige, il peut l’obtenir tout de suite : on commande sur Amazon et hop, dans les 24h, on reçoit son colis. On veut jouer à un jeu vidéo ? On allume la console et c’est parti ! On veut voir un épisode spécifique de son dessin animé ? On cherche sur Netflix et emballé c’est pesé ! On veut changer nos plans et annuler un rendez-vous ? On envoie un SMS. Si on veut ou ne veut pas quelque chose, on peut agir dessus immédiatement.


>> FLASHBACK EN 1997 >>

  • On avait la possibilité de commander sur le catalogue de la Redoute. Il fallait remplir le formulaire et le renvoyer par la poste. Un colis que l’on recevrait sous 7 à 14 jours

  • On pouvait jouer à un jeu vidéo mais il fallait d’abord allumer l’ordinateur, ce qui pouvait bien prendre 10 à 15 minutes. Si le jeu en question nécessitait un connexion à Internet (en 1997, c’est chaud…), il fallait s’assurer que personne n’était au téléphone à ce moment-là.

  • Les rendez-vous ne pouvaient pas être annulés à la dernière minute : si Jean-Michel t'attendait devant la poste à 14h, il fallait y aller pour lui expliquer que tu ne pouvais pas venir au rendez-vous (mais en même temps, vu que tu y étais déjà…)

En fait, on n'avait pas peur de rater une opportunité parce que la plupart du temps, les conditions n'étaient pas réunies pour nous permettre de faire ce que l'on n'avait pas prévu de faire. La vie demandait un peut d'organisation.

Patienter, n’est plus à la mode. Voir pire : c'est impossible car c’est toujours possible de ne pas attendre. CQFD.

Les pauvres parents doivent apprendre à résister.

Les parents doivent s'autodiscipliner et discipliner leurs enfants

C’est difficile pour nous parents de résister. Nos parents n’avaient pas besoin de se discipliner : on avait beau leur hurler qu’on voulait voir le dernier épisode de Bioman, ils ne pouvaient rien y faire avant la sortie en cassette vidéo (ou en DVD). 


La réalité du FOMO: un risque pour les adolescents, les jeunes mais aussi les parents


Il y a aussi les réseaux sociaux qui donnent le sentiment d'ubiquité. On peut savoir ce qu'il se passe partout tout le temps et on a l'impression d'y prendre part. Pourtant on reste passif et surtout notre interprétation de ce qui s'y passe est souvent loin de la réalité. Si on doit refaire le parallèle : quand on regarde un album photo, cela représente une image figée souvent joyeuse (on prend rarement des photos de engueulades). Les réseaux sociaux alimentent l'album photo en continu... et on ne peut pas l'arrêter à moins de l'avoir décidé. 

Là aussi, il faut que l'on donne l’exemple… Quoi de pire pour un parent que de devoir être parfait : il y a cette notif’ d’un message sur instagram, la nouvelle saison de The Crown, les soldes du Black Friday. C’est maintenant. Pas après.

Mais non !! On ne peut pas ! On doit se raisonner, pour le bien de nos enfants. Enfin, on achète un robot multifonction à -70% chez Lidl et promis après on donne l’exemple.

Vous l’aurez compris, on a beau être des adultes, on est exposés aux mêmes risques.  Le syndrome du FOMO, c'est une tendance de société à laquelle on n'échappe pas que l'on soit jeunes ou moins jeunes. Nous avons simplement plus conscience de ce que cela représente et c’est ce qui doit nous encourager à donner le bon exemple à nos ados.

Ne pas savoir ce que l’on ne sait pas


L’un des vrais problèmes de notre génération est que l’on sait ce que l’on va manquer : on est informé en permanence de tout ce qu’il se passe partout en live grâce aux réseaux sociaux. On a décidé d’aller faire un tour au terrain de foot mais on voit que des amis sont en train de se marrer en jouant au Ping Pong au parc. On sait, donc on ressent le besoin de participer à tout. Et puis il y a Léa qui est sur une plage en vacances à l’île Maurice : franchement ça fait envie. Enfin il y ce groupe d’amis qui fait tout le temps plein de supers activités mais auxquelles on n’est jamais invités. Ca aussi c'est un autre problème lié à ce syndrome : l'amplification de la peur du rejet.

>> FLASHBACK 1993 >>

On allait au terrain de foot. Et voilà. Peut-être que le lendemain, Benoît nous aurait dit qu’ils s’étaient bien amusés au Ping Pong mais fondamentalement cette information ne nous aurait pas permis de changer notre programme. Car c’est bien là le problème : faire des choix parmi ce qui est possible et se comparer. Plus on a d’informations, plus on se compare, plus on l’impression de devoir faire des choix.

On est là mais on n’est pas là

Le téléphone portable est évidemment un catalyseur de FOMO. Il engendre une vraie addiction qui fait que l’on voudrait être partout en même temps, ne rien manquer mais qu'au final, on finit par être nulle part ! Avoir la phobie de se séparer de son téléphone portable porte d’ailleurs un nom : c’est la nomophobie.

Observez ces jeunes sur une terrasse, assis en groupe et qui ne se parlent pas, ne se regardent pas mais scrollent à l’infini sur leur téléphone. Ils s’informent pour savoir ce qu’ils ratent en étant assis là. Et le scroll c’est un outil puissant : ça ne s’arrête jamais. On doit donc décider - de notre propre volonté - quand arrêter de scroller. C’est ennuyeux et cela demande beaucoup de volonté : et si en arrêtant de scroller, on manquait un post unique et hilarant ? Ce serait dramatique… Finalement, on ne profite plus de ce que l’on vit mais on profite de ce que les autres vivent.


Fomo le fomo

C’est vraiment grave d’avoir le Fear of Missing Out ?

Là on a vraiment l’impression de lire un article de réactionnaire, anti-progrès rédigé par  des gens de plus de 40 ans qui n’ont rien compris à la vie. Ce n’est pas entièrement la vérité. Il s’agit simplement de prendre conscience de ces comportements et de créer le cadre adéquat. Remettre des limites salvatrices là où elles n’existent plus.

Le FOMO n’est pas anodin mais ce n’est pas une maladie. En revanche, il favorise des pathologies et peut devenir handicapant. On constate par exemple :

  • Mauvaise estime de soi

  • De l’anxiété voire des états dépressifs

  • Des problèmes de sommeil

  • Des troubles de la concentration

  • Des maux de tête, des sueurs soudaines

Tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité à ce niveau-là. Certains le vivent très bien. Cependant il faut rester vigilant et observer les enfants et les ados dans ce contexte pour voir à quel point cela devient envahissant dans leur quotidien. 

Comment faire pour apprendre aux enfants à s’en détacher ?

Concrètement comment peut-on aider le enfants à ne pas tomber dans le FOMO ou à ne pas y accorder trop d'importance ? 

Les aider à dédramatiser en ayant des moments de déconnexion

Il est essentiel d'aider les enfants à avoir un comparatif : à quoi cela ressemble de ne pas savoir tout ce qu'il se passe tout le temps ? On coupe le téléphone et on enlève le maximum de notifications possibles. Ces moments de déconnexion sont essentiels. On conseille en générale d'éviter d'être connecté :

  • Le matin au saut du lit

  • Le soir avant de se coucher

  • Seul dans la chambre

  • Pendant les repas

Leur permettre de prendre conscience de ce qu'ils vivent 

La gratitude se cultive également. Le FOMO a tendance à faire que l'on se focalise sur ce que l'on n'a pas plutôt que sur ce que l'on a. Il est donc important d'aider les enfants à prendre du recul et à réaliser ce qu'ils ont eu. Prenez le temps de faire le tour de leur journée, de se rappeler des moments particulièrement marquants, d'évoquer des souvenirs particuliers. C'est quand même bien plus gratifiant que de faire le tour des destinations de vacances de personnes que l'on connait plus ou moins

Leur proposer des alternatives

C'est effectivement important que les enfants s'ennuient mais le souci c'est que cela n'engendre pas la créativité à laquelle on s'attend... Ils s'ennuient, du coup ils finissent sur leur téléphone ! Il est donc important d'être force de proposition : on va faire une balade, un escape game (il y en a beaucoup qui se font même à la maison), un accrobranche, une sortie piscine, u ciné. Peu importe mais il important de leur proposer autre chose pour occuper leur temps libre. C'est une habitude à prendre et progressivement ils trouveront aussi des idées par eux même.

Montrer l'exemple 

Bien entendu : on donne l'exemple en maîtrisant l'usage de sont smartphone ! On admet aussi quand on se sent dépassé et qu'on perd le contrôle. On félicite et on encourage les enfants avec des propos bienveillants : informer des dangers est importants mais reconnaître les bénéfices et les efforts l'est tout autant.

Pour plus d'informations et d'outils vous pouvez aussi vous rendre sur le site app-enfant.fr qui sélectionne des contenus numériques ludo-éducatifs ou encore lesbonsclics.fr qui proposent des outils pour mieux vire la e-parentalité : c'est sur inscription mais les contenus sont gratuits.

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