Avis d'expert

Mon enfant ne supporte pas la critique : que faire ?

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6 MIN

Des pleurs, des hurlements : mon enfant ne supporte pas la critique et à la moindre remarque, c’est la crise. Comment faire pour qu’il accepte les réflexions sans que la situation ne se détériore immédiatement ? Comment l’aider à affronter l’avenir, à réagir de manière plus raisonnée ? Nombreux sont les parents qui s’interrogent et qui aimeraient donner des clefs à leurs enfants pour les préparer au monde adulte dans lequel ils entendront forcément de critiques auxquelles ils devront réagir.

Vous voulez quelques astuces ?

1,2,3, c’est parti !

La critique constructive : comment formuler les remarques

La connotation péjorative de la critique est injuste. Parfois, nous avons du mal à supporter les remarques, et nous réagissons avec impulsivité face aux réflexions de notre entourage. Beaucoup d’éléments entrent en jeu car c’est notre intelligence émotionnelle qui est convoquée, à laquelle s'ajoutent notre éducation, notre passé, et notre vécu.

Comment aider nos enfants à bien réagir face aux critiques devient alors un cheval de bataille pour nous, parents, soucieux du bonheur de nos petits.

Adaptons notre langage

L’un des premiers conseils est de travailler notre formulation. La critique doit être constructive pour être utile. Elle doit aider nos p’tits à s’améliorer. Le jugement qu’elle implique doit par conséquent être favorable.

Oublions donc toute agressivité, mais adoptons un ton bienveillant.

Employons le “je” plutôt que le “tu”.

Par exemple, au lieu de dire à notre enfant :

“Tu en as encore mis partout”, nous préférons “ J'aimerai que les vêtements soient rangés. Je pense que ce serait plus agréable pour toi mais aussi pour moi d'être dans une pièce propre”.

Mettons l’accent sur le côté positif

Pour énoncer une critique constructive, commencer par souligner ce qui positif est important.

Ainsi, en voyant d’abord le verre à moitié plein, on valorise aussi l’enfant. Puis, on peut mettre l’accent sur ce qu’il faut encore améliorer.

Prenons un moment souvent compliqué : celui des devoirs.

Tout le monde est fatigué, c' est l’heure de dîner, les plus petits commencent à s’exciter dans la pièce, à côté. Souvent, la situation dégénère et la fin de soirée est compliquée.

Voilà un exemple parfait pour s'exercer à la critique constructive ! Vous trouvez que votre enfant ne s’applique pas assez, vous souhaitez qu’il fasse un effort. Même si l’ambiance est tendue, nous pouvons réagir de manière positive.

Pour commencer, vous pouvez lui dire que vous êtes très contents qu’il ait compris cette notion de mathématiques qui vous semblait si complexe . Puis, vous pouvez lui parler du fait que, la prochaine fois, vous aimeriez que son travail soit plus soigné.

Aider l’enfant grâce à la frustration

“Mon enfant frustré sera pourtant heureux !”

Bien sûr, nous voulons le bonheur de nos petits et parfois, nous choisissons la solution de facilité : nous répondons immédiatement à leurs besoins, pour voir sur leurs visages de jolis sourires de satisfaction.

Mais, finalement, leur rendons-nous service ?

Il semblerait que non. Ne pas les frustrer ne les prépare pas au monde adulte, ni même à la vie en société.

Alors, si nous nous autorisions à critiquer leur travail, leurs actions, de manière bienveillante, bien évidemment ?

En effet, la critique constructive permet à l’enfant d’apporter des modifications, de réfléchir, et de se remettre en question.

Et surtout, ne nous inquiétons pas : amour et perfection ne riment pas ensemble.

Nos p’tits le comprennent très bien, surtout si on leur apprend très jeunes à accepter les réflexions et à les saisir comme des possibilités d’amélioration.

Comprendre la critique : un pas vers la tolérance

Le droit à l’erreur

Aider son enfant à accepter la critique, c’est aussi lui donner le droit à l’erreur.

“Je me suis trompée”, “j’ai fait une erreur”...

Autant de phrases que nous pouvons prononcer pour qu’il comprenne que la perfection n’existe pas. L’humilité est essentielle pour progresser.

Comprendre ses erreurs, y réfléchir, les corriger : voilà la force que nous pouvons leur donner. Ils seront davantage prêts à affronter leur vie d’ados puis d’adultes s’ils sont capables de rebondir sur leurs fautes.

En acceptant de se tromper, en recevant la critique de manière positive, nos enfants progresseront et pourront toujours aller de l’avant.

Accepter d’être faillible est un atout car c’est un pas vers le bonheur.

L’altruisme

Avez-vous remarqué ? Accepter la critique, c’est aussi se tourner vers les autres. Apprendre à son enfant à recevoir les remarques, c’est aussi lui permettre d’être plus tolérant :

  • envers lui même ;
  • envers ses camarades.

Comprendre qu’il est humain de commettre des erreurs est important, dès le plus jeune âge. En acceptant les réflexions, les plus jeunes apprennent aussi à ne pas se museler face aux autres. Alors, les interactions sont possibles : elles deviennent même porteuses de progrès.

C’est aussi un acte de communication.

Travailler la confiance en soi de son enfant pour une meilleure acceptation

Être sûr de soi, bien dans sa peau, avoir foi en ses capacités : voilà une réelle compétence, essentielle pour le développement de nos enfants. Nous pouvons largement les guider pour qu'ils l’acquièrent. Une excellente nouvelle, n’est-ce-pas ?

“Pour construire sa confiance en ses compétences, l’enfant a besoin de recevoir la permission d’explorer, d’échouer et de recommencer.”

- Isabelle Filliozat

Tout est dit : laissons nos enfants se tromper, laissons leur le droit à l’erreur et aidons les à construire leur confiance en eux. Ils accepteront mieux la critique et l’échec s’ils les ont déjà rencontrés : la frustration sera aussi moins forte. L’estime de soi est issue des échecs suivis de recommencements, d'expériences positives ou négatives, mais aussi de l’acceptation de ses propres limites.

N’est-il pas rassurant de savoir qu'une marge de progression est possible ?

Et de réaliser que des solutions sont toujours envisageables ?

Aider son enfant à accepter la critique demande donc un travail sur soi : ne pas le surprotéger, le laisser se tromper, l'accompagner dans l’apprentissage de ses erreurs : toutes ces actions lui permettent d’être capable de rebondir mais aussi d’entendre l’autre sans prendre chaque remarque comme une attaque personnelle.

Et si, on ajoutait un peu de capacité d’auto-dérision?  La formule serait sûrement idéale pour bien réagir aux réflexions constructives aujourd’hui et dans sa vie d’adulte.


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