Enrichir son vocabulaire à 2 ans

Imaginez entendre des personnes discuter dans une langue qui vous est totalement étrangère. À première vue, il est plutôt difficile de distinguer un mot d'un autre, n'est-ce pas ? On dirait plutôt une suite continue de sons. Alors vous êtes-vous déjà demandé comment les enfants apprenaient à distinguer certains sons et à former des mots dans leur tête ? Tout cela est possible grâce au rythme et à l'intonation ! En appuyant certaines syllabes plus que d'autres, en marquant des pauses... on donne une structure au langage qui permet aux enfants de découper les mots. Notez la différence entre "il est beauuu ce bâteauuu" et "ilébocebato".

Lorsque les enfants commencent à parler et à enrichir leur lexique, essayez dans la mesure du possible d'associer les mots qu'ils apprennent à une expérience concrète. Cela peut-être par exemple en pointant vers un aigle qui vole dans le ciel, en marchant sur le sable, en sentant l'odeur des fleurs, en caressant un chat, etc. Pour les aider à apprendre de nouveaux mots, faites également attention au contexte. Il est beaucoup plus intuitif d'apprendre le mot "coquillage" lorsqu'on est au bord de la mer, plutôt que dans un chalet de montagne en plein hiver.

Dans une certaine mesure, notre langue natale et le vocabulaire qu'on possède conditionne notre façon de penser et de voir le monde. Les structures grammaticales changent d'une langue à une autre, il y a des mots et des expressions qu'on ne peut pas traduire directement... Cela est tout aussi vrai au sein des usagers d'une même langue mais de groupes sociaux différents. Alain Bentolila, linguiste français, explique par exemple que les adolescents qui ont un vocabulaire très pauvre ont plus souvent recours à la violence, car cette pénurie de mots rend plus difficile l'expression saine de leurs sentiments et de leurs problèmes.

Ne vous inquiétez pas si vos enfants font encore des fautes de langage, c'est tout à fait normal. Lorsqu'ils sont en plein apprentissage du français, ils repèrent des régularités entre certains mots qu'ils appliquent ensuite à tous les termes similaires qu'ils connaissent ou sont en train d'apprendre. Par exemple, s'ils maitrisent bien le verbe "courir - il a couru", ils pourraient penser que le verbe pourrir ou mourir se conjuguent de la même façon "ça a pourru - il a mouru". S'il n'y avait pas autant d'irrégularités dans la langue française, ils feraient probablement moins de fautes !

Certains parents sont réticents de parler dans leur langue maternelle avec leurs enfants à la maison, de peur que cela ait un impact négatif sur leur développement du langage, qu'ils confondent les deux langues, qu'ils aient du retard par rapport à leurs petits camarades. En réalité, être bilingue précoce est un avantage, car cela leur donne une plus grande flexibilité mentale et les aide par la suite à apprendre de nouvelles langues. On a l'impression au début qu'ils ont un vocabulaire moins riche, mais en fait ils connaissent le même nombre de mots que les autres enfants. Leur lexique est simplement réparti entre les deux langues.